Création, partage et innovation ouverte : la citoyenneté collaborative à l’ère numérique

Par Communauté Avantage numérique
3 juillet 2020 — Collaboration, Innovation ouverte — 5 min

Connaissez-vous la notion de tiers-lieux? Il s’agit d’environnements qui viennent en «troisième lieu», après la maison et le travail. Ces tiers-lieux émergent souvent d’initiatives citoyennes ayant comme objectif de rassembler des communautés pour se réapproprier le droit de créer, de partager et de faire librement. Dans l’univers du numérique, on réfère souvent aux Hubs, aux Fabs Labs, aux Médias Labs. De façon plus large, devant la montée de la mobilité des travailleurs, on évoque aussi les espaces de co-working, là où il est possible de réserver un espace de travail pour une durée déterminée. Caroline Trudel, propriétaire de CET Création et fondatrice de CET espace de coworking à Val d’Or, Guillaume Coulombe, entrepreneur et artiste (Procédurable, Le violon de Jos et Labscène) et co-fondateur de Fab Labs Québec, ainsi que Edma-Annie Wheelhouse, stratège numérique et co-fondatrice de La Centrale coworking  ont discuté de leur expérience lors d’une table ronde animée par Maude Labrecque-Denis, responsable de la mise sur pied du hub techno-créatif d’Avantage numérique et étudiante à la maîtrise en gestion des organisations à l’UQAT lors du Forum Avantage Numérique.

L’histoire de CET Espace de coworking
Pour Caroline Trudel, une entrepreneure en communication, les nouvelles approches collaboratives et d’intelligence collective ne faisaient pas partie de son vocabulaire ni même de ses valeurs ou fondements. C’est lors de ses études de maîtrise en création numérique portant sur les projets collaboratifs qu’elle s’est intéressée au sujet et qu’elle s’est familiarisée avec ces concepts. 

L’idée d’un espace de coworking a tranquillement commencé à germer dans sa tête… Ayant déjà accueilli des locataires dans un local qu’elle-même louait, elle avait pu constater comment la richesse des échanges favorise l’entraide, la collaboration, contribue à briser l’isolement et pouvait même donner naissance à des projets imprévus et inattendus! 

Avec les années, on a vu de plus en plus d’espaces de coworking naître un peu partout dans le monde et aussi au Québec.  Le contexte était favorable pour fonder un espace de coworking, le premier de la MRC de la Vallée de l’Or afin de réunir différents types de travailleurs de tous secteurs d’activités : des travailleurs autonomes, des employés industriels en déplacement, des professionnels n’ayant pas nécessairement besoin de louer un local mensuellement pour leur prestation de services, des travailleurs à la maison qui ont besoin de changer d’air, des artistes qui ont besoin de sortir de l’isolement pour créer : toutes personnes y est accueillie! 

Le modèle d’affaires varient d’un espace à l’autre. Le plus récurrent est celui de membership avec la location mensuelle d’un bureau dans cet espace combiné avec la présence de travailleurs qui réservent à l’heure ou à la semaine. Dans l’ensemble de ces espaces, les bureaux, les salles de conférences, la salle à manger, la machine à café, l’imprimante, le wifi, tout est partagé et fait partie de l’éventail des ressources offertes. Plusieurs organisations locales encourageant l’entrepreneuriat sont aussi devenues des partenaires. Depuis la création, CET espace de coworking organise aussi des événements et activités pour la communauté, peu importe si les participants louent ou non un espace de travail. Un projet né de deux citoyennes qui redonnent à la communauté! Une vraie économie de partage!

 

Un tout nouvel espace de coworking verra le jour à Amos

Amos pourrait bien être la prochaine ville à voir naître un espace de coworking en Abitibi. En effet, Edma-Annie Wheelhouse et ses acolytes planchent sur le projet depuis l’automne dernier. Le projet est présentement en phase de financement. Un premier financement a été accordé par la MRC Abitibi par le truchement du Fonds de soutien aux projets structurants pour améliorer la qualité de vie donne espoir aux fondatrices. Pour la deuxième phase de financement, La Centrale coworking recrute les futurs occupants dans une campagne de pré-adhésion pour compléter le financement requis pour l’ouverture de l’espace.

«L’idée c’est d’offrir d’abord un espace tout inclus, avec la base de ce qu’on a besoin pour travailler, mais aussi de favoriser les échanges et l’ouverture. Les gens pourraient partager des connaissances, des ressources, des expériences et des contacts. C’est aussi une occasion pour eux de sortir de chez eux», fait valoir Edma-Annie Wheelhouse dans Le Citoyen de la Vallée de l’Or.

Parmi les occupants, on vise les travailleurs autonomes, les petites équipes qui ont besoin d’espace pour accueillir temporairement un collaborateur ou encore tenir une rencontre, de même que les étudiants. 

 

Un fablab au service de l’art vivant 

Enrichir les collectivités fait partie des valeurs fondamentales de Guillaume Coulombe. Initiatieur du wiki Le violon de Jos, une encyclopédie collective, multimédia et vivante de musique traditionnelle québécoise qui vise à en promouvoir la culture, la pratique et l’apprentissage, Guillaume contribue à documenter et partager les savoirs et connaissances autour du patrimoine vivant. C’est une question de survie même pour l’art vivant. Le violon de Jos élabore des pratiques médiatiques collaboratives, créatives et collectives. Un véritable terrain fertile où sont explorées les applications innovantes qui peuvent émerger en métissant la tradition et la technologie. Avec LabScène, un laboratoire artistique en fab labs et médialabs, on fait de la médiation technologique auprès des organisations culturelles, des artistes et du public. On développe des résidences créatives qui bénéficient des apports spontanés propres aux fablabs, qui culminent avec un spectacle-découverte ou une installation permanente qui favorise l’interaction entre les artistes et le public. On fabrique des nouvelles pièces qui contribuent à enrichir les prestations en art vivant, comme une planche de podorythmie numérique qui alimente les mouvements de l’Être gigueur ou encore, Dessins de Planche, un logiciel de visualisations podorythmiques. 

On y favorise la culture du remix, soit recréer de nouvelles choses à partir de celles qui existent déjà. Dans cette culture, il s’avère donc essentiel d’adhérer aux valeurs de partage, de collaboration et d’ouverture.

 

Une table ronde riche de partages et d’expériences

Avec ces exemples, on constate que la force créative, le désir de collectivité, d’entraide, de partage et d’ouverture sont les moteurs de l’innovation ouverte. Des valeurs qui contribuent à enrichir la communauté et à la collectivité. D’ailleurs, par le partage des expériences des trois intervenants, non seulement ont-il appris entre eux, mais ils ont stimuler d’autres dans la salle à imaginer d’autres espaces de création!

 

Auteure :

Marika Laforest
Conseillère numérique | Transformation – Stratégie – Médias sociaux (Consultante)
Je navigue depuis près de 20 ans dans l’univers du numérique, du web et des médias sociaux. J’ai participé activement à la planification, la gestion et l’application de différents plans stratégiques et de communications des organisations pour lesquelles j’ai travaillé, en lien avec leurs objectifs stratégiques. J’ai œuvré dans plusieurs domaines tels que les secteurs industriel, du commerce de détail, de la construction, des technologies, de l’éducation, du tourisme, de la télé et de la culture. Sur Facebook, je co-administre les communautés Les arts, la culture et le numérique ainsi qu’un groupe de Gestionnaires de communauté.